DEVENIR ECRIVAIN : LEÇON DE DENNIS LEHANE ...

29/07/2015

J’ai trouvé quelques conseils très intéressant sur le site www.telegraph.co.uk, un article d’Anita Singh datant du 26 mai, intitulé (je m’improvise traductrice, l’article est en anglais) « 10 règles pour devenir écrivain », par Dennis Lehane. Vous ne connaissez pas Dennis Lehane ? Mais bien sûr que si : l’auteur de « Mystic river », « Gone baby gone », « Shutter Island », la série « The wire » etc.

Cet auteur a partagé avec nous quelques conseils à l’occasion de sa présence au Hay Festival. Etant dans une période minimaliste, sur les 10 règles, j’en ai sélectionnées cinq que je partage.

Première règle : « Lisez à tout prix, peu importe ce que vous lisez »

Dennis Lehane raconte qu’il a grandi dans une maison où il n’y avait pas de livres. Seulement une encyclopédie et la Bible. « Enfant, j’ai lu la Bible d’un bout à l’autre, dit-il. La Bible contient un nombre incroyable d’histoires à la texture romanesque. Plus tard, quand ma mère apprit par la nounou que j’aimais lire, elle m’emmena à la bibliothèque. Sans les bibliothèques, je ne serais sans doute pas devenu ce que je suis aujourd’hui ! »

Cette règle peut s’appliquer à d’autres domaines de l’écriture d’après moi : pensez à Steve Jobs qui a commencé à bidouiller dans le garage de son père ! C’est ce qui s’appelle faire feu de tout bois…

Deuxième règle : Ce n’est pas un problème si vous avez un ego gros comme le Titanic !

« Ce sont ces gens-là qui avaient un ego énorme au sujet de leur travail avec qui j’ai le plus apprécié collaborer. Ils savaient pourquoi ils étaient là. Ils n’étaient pas inquiets. Ils n’allaient pas rentrer chez eux avec une pauvre estime de soi et « donner » leur problème aux autres pour qu’ils les résolvent à leur place. Les gens avec les pires ego sont les gens qui triment dur ! »

Quand j’ai lu ce passage, j’ai trouvé qu’il était un peu injuste envers les « gens qui doutent », qui travaillent et qui sont très créatifs ! Mais là où je rejoins Dennis Lehane c’est qu’il est important de savoir pourquoi on est là et d’avancer, peu importe si on fait bien ou pas trop bien. Et là je me dis qu’heureusement il existe des coachs pour les grands rêveurs que nous sommes. Le coach fait aussi ce boulot là : nous donner confiance. Peut-être même faire grossir notre ego ?! A vous de juger…

Troisième règle : « Ecrivez à partir d’une nécessité »

« J’ai commencé à écrire quand j’étais trop pauvre pour sortir m’amuser. Mes parents possédaient une petite maison dans un trou perdu en Floride. Je vivais encore chez eux à vingt-cinq ans et j’étais fauché. Alors je me suis dit que j’allais écrire pour éviter de sombrer dans l’ennui, pour me distraire tout simplement. »

Je suis sensible à cet argument de la nécessité. Moi-même je suis retournée à l’écriture dans une période où le travail me faisait mourir d’ennui. Mais je ne pense pas qu’il faille nécessairement mourir d’ennui pour réaliser un rêve ! L’idée à retenir est plutôt que la contrainte est porteuse de créativité. Lehane n’avait pas d’argent mais il avait du temps pour écrire. L’inverse peut marcher aussi !

Quatrième règle (ma préférée) : « Soyez certain que vous écrivez quelque chose de bon, même si personne d’autre n’en est sûr »

Dennis Lehane parle de son expérience sur le tournage de la série « The Wire » : « Nous savions que nous faisions quelque chose de spécial sur ce tournage même si personne ne nous portait d’attention. La chaîne HBO se fichait de cette série. Pire : ils nous faisaient sentir que si un autre projet leur arrivait, ils nous remplaceraient. Comme rien ne se présentait ils daignaient nous laisser continuer. Ils disaient « Continuez donc vos petites affaires à Baltimore ! » Chaque année nous redoutions l’annulation du projet. Chaque année qui passait ! Pour la saison 4 nous avons réellement cru que ce serait la dernière, et c’est pour cette raison qu’elle est la meilleure ! »

Réaliser son rêve envers et contre tout… Tout est dit !

Cinquième règle : « Ignorez la critique parce qu’après tout, que savent-ils ? »

« Au sujet de l’adaptation cinématographique de Shutter Island, je me suis dit que Martin Scorsese avait complètement saisi l’esprit du livre. C’était mon livre le moins réaliste, une sorte de livre sur les livres. Je savais que ça allait déplaire à certains. J’ai imaginé un des journalistes du New-York Times faire une crise cardiaque ! Mais si vous savez pourquoi vous faites quelque chose, vous pouvez vous sentir à l’aise avec les réactions négatives des gens. »

Important et généreux ce témoignage de l’auteur. Garder le cap malgré les critiques prévisibles. Ne pas se soucier d’être mal compris. Traduire notre vérité au plus près de nous-mêmes car d’une certaine façon ne serons-nous pas toujours incompris (la légère note de déprime dans cette dernière phrase est totalement involontaire) ?