Rêver à Cannes en 2015...

09/07/2015

Récemment, mercredi 13 mai pour tout vous dire, j’écoutais une interview de Patrick Cohen sur France Inter. Son invité, Xavier Dolan, acteur et très jeune réalisateur sélectionné parmi les membres du Jury du Festival de Cannes de cette année, s’exprimait : « Les gens, au début, me disaient de travailler avec des jeunes de mon âge, ils me conseillaient de faire un court métrage mais je n’avais pas envie de faire un court, j’avais pas d’idées de court, j’avais des idées de long ! … ». Il disait ça sur le ton agacé de celui à qui on fait essayer des vêtements trop petits. Si Xavier Dolan avait écouté les très raisonnables conseils de son entourage certainement bien intentionné qui lui suggéraient de commencer par un rêve Small et puis s’en aller vers un rêve Medium pour encore aller plus loin éventuellement, il aurait sans doute produit de mauvais court métrages tout simplement parce qu’il avait en lui un rêve de « long » ! Il avait en lui un rêve XXL mais qu’il était capable de porter ! Ce qui me fait penser à une amie qui a fait sienne cette phrase de Goethe : « Nos désirs sont les pressentiments des possibilités qui sont en nous ».

Ensuite c’est en regardant la soirée de clôture du Festival de Cannes que je me suis interrogée sur l’autonomie des rêves de toutes les tailles. Je n’ai jamais entendu prononcer aussi souvent le mot « rêve » en si peu de temps, quel moment magnifique ! J’avoue que j’ai même versé ma petite larme, en voyant le si talentueux Xavier Dolan (j’adore tous ses films) essuyer sa petite larme, c’est contagieux, en voyant la petite larme d’Emmanuelle Bercot (qu’elle ne tentait pas d’essuyer), qui recevait le prix de la meilleure interprétation féminine (ex-aequo avec l’actrice Rooney Mara) et qui a dit, je l’ai noté, ce prix va au-delà des rêves. Là, j’ai imaginé la palme avec des ailes survolant tous les rêves de l’actrice qui survolaient eux-mêmes la planète Terre. Et je me suis demandé si « au-delà des rêves » ça restait dans la même galaxie ou pas ? Et j’ai aussi pensé que si les rêves sont autonomes, il est vain de les oublier. Ils enflent malgré nous, ils se nourrissent à nos dépends et grossissent quand bien même nous les mettons au régime. Ils nous dépassent. Un jour le rêve dépasse la réalité. Un jour le rêve devient réel et le réel un rêve… vous me suivez ?! Comme Vincent Lindon quand il a reçu le premier prix d’interprétation masculine et qu’il a dit au micro, les yeux plein de larmes – eh oui, c’était contagieux encore – « j’ai l’impression que ce n’est pas moi qui suis là. »

Voilà comment est née l’idée de cette rubrique. Quand la soirée de clôture a pris fin, j’ai repensé à tous ces acteurs qui remerciaient encore et encore. Une pluie de merci, merci beaucoup, merci infiniment, l’émouvante gratitude des « palmés », ça m’a rappelé que les rêves ne se réalisent jamais seuls… Waouh me !