Un parcours entre Art et Philanthropie en toute liberté

16/07/2017

44 ans, un parcours faits de « switch » avec en arrière-plan l’Art, la Philanthropie, la Communication et un immense besoin de liberté…

Lorsque Delphine entre dans ce café où l’on a rdv, pleine d’entrain, sourire aux lèvres, toute de rouge vêtue, je me dis d’emblée que cette jeune-femme respire la liberté. Je l’écoute me raconter son histoire et me dis, au fur et à mesure qu’elle me parle, que les 1ères impressions sont décidément souvent les bonnes. Passionnée, passionnante, mon stylo trace avec bonheur les chemins de ce parcours plein d'allant. 

 

De la Philo au Commerce sous fond artistique

Partie vers des études de Philo et d’Histoire de l’Art (on sent -un peu- l’intello), Delphine se frotte au milieu artistique mais, fin des années 90, décrocher un job stable dans ce secteur est Mission Quasi Impossible. En outre, si l’Art Contemporain la passionne, elle se rend compte que le milieu est difficile et très sclérosé, avec des personnalités compliquées… Elle décide alors de se former en communication, trouve un stage qui nourrit sa passion pour l’Art en intégrant une agence de photographes. Partie y faire de la comm, elle prouve alors qu’elle a un vrai sens commercial et on lui propose d’intégrer le département Corporate. Elle y restera 5 ans. 5 ans au cours desquels elle développera ce département en tissant des liens entre deux mondes : celui d’auteurs photographes parfois difficiles à suivre et celui des entreprises parfois un peu trop business ! Mais elle le fait !

Nouveau départ, all-in-one : changement de pays, de secteur et de métier !

Ensuite, elle part au Québec, son 1er pays, cela fait déjà 5 ans qu’elle rêve d’y retourner. 2ème switch car de la relation commerciale, elle (re)passe à la communication en changeant aussi de secteur. Très engagée dans le commerce équitable et l’environnement (elle est membre de plusieurs associations), elle fait de cet engagement associatif son nouveau terrain de jeu professionnel en rejoignant assez naturellement GreenPeace pour prendre en charge la communication pour le Québec. Puis se seront d’autres ONG pour lesquelles elle travaille pendant 3 ans jusqu’à United Way-Centraide, une fondation, partenaire historique des entreprises nord-américaines, dont la dynamique corporate réconcilie Delphine avec le secteur des OSBL (Organisations Sans But Lucratif) où la gestion opérationnelle et la gouvernance sont parfois trop influencées par la seule personnalité du dirigeant . Elle repart en France pour développer le bureau français. Là, avec l’aide d’une seule personne (c’est un peu Mike Gyver aux pays de la philanthropie) elle s’appuie sur ses compétences commerciales pour développer son réseau et développe d’indéniables compétences de gestion de projet pour monter des programmes ambitieux autour de l’éducation des jeunes en y associant grandes entreprises et associations de terrain.

La maturité et l’indépendance !

De gros projets naissent sous son impulsion avec des entreprises de 1er plan : Fedex, Airbus… et comme Delphine ne s’arrête jamais, elle développe en parallèle une activité de rédactrice et consultante en communication et fundraising pour d’autres associations dont le Mouvement Colibri (de l’emblématique Pierre Rabhi, l’un des pionniers de l’agroécologie en France, un homme exceptionnel au regard aussi doux et profond que les initiatives qu’il prend).

En 2015, elle prend le temps de faire une pause, un bilan, qui s’articule autour de deux points d’interrogation : l’un sur sa « mission philanthropique » ; l’autre sur son statut professionnel « salariat ou entrepreneuriat ».  Elle en ressort avec une vision clarifiée et surtout un positionnement unifié, qui coule de source quand on relit ce parcours plein d’élan. Résumé en 3 mots sur sa carte de visite : « créer des ponts ». Ponts qu’elle veut créer entre les PME et les acteurs du monde associatif pour inscrire les 1ères dans une démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) créatrice de valeurs (dans tous les sens du terme) et qui leur corresponde pleinement. Le nom de son entreprise reflète aussi l'un de ses convictions : chi va piano : "qui va lentement, va sûrement" ! 

Steeve Jobs, dans son célèbre discours à Stanford, parle de relier les points « connecting the dots ». Pour lui, le point de départ est cette nouvelle liberté gagnée quand il décide, à l’Université, de quitter son cursus initial. Cette décision prise, il suit son intuition, prend des cours de calligraphie et s’ouvre ainsi à ce qui fera toute la différence dans la réussite d’Apple : le design.

Pour Delphine, ce sont ces ponts qu’elle a réussi à créer entre l’Art et l’Entreprise puis entre l’Entreprise et le Monde Associatif. Attirée par les valeurs de l’un et le pragmatisme de l’autre, elle fait des difficultés qu’elle a connues et su surmonter (manque d’organisation du monde associatif, égo démesuré des artistes, perte de sens des entreprises) des points de force et de différenciation. Alignée, en phase avec ses talents et ses valeurs, elle est prête à jouer une nouvelle partie en s’assurant un environnement de travail qui réponde à ses besoins fondamentaux : « initier des projets » en étant libre de créer mais aussi en « faisant partie de ». Heureusement, aujourd’hui, assurer l’un et l’autre est de plus en plus facilité entre coopératives, incubateurs, co-workings nouvelle génération… et Delphine a su trouver la bonne alternative dans cette offre pléthorique.

Je laisse Delphine ce matin-là en me disant que ce qu’elle est en train de créer, cette agence d’un nouveau genre, ne va pas aller si lentement que ça et n’est pas seulement une bonne idée : c’est toute une vie… une dynamique de vie !

 

Les conseils de Delphine pour être heureux dans son job :

  • Reconnaître ce que l’on a accompli, réussi à réaliser et regarder vers l’avant en se faisant confiance ;
  • Prendre du temps pour rencontrer l’autre : un temps pour l’écoute, un temps pour l’échange qui permettront de mieux comprendre ses interlocuteurs (qu’ils soient collaborateurs, clients ou prestataires) et de mieux collaborer ;
  • Faire émerger l’esprit de curiosité pour découvrir des sujets qui ne nous auraient pas attirés d’emblée ;
  • Aménager des pauses pour se ressourcer, reprendre l’air et ainsi pouvoir se remotiver…

 

Les conseils de Delphine pour être heureux dans le monde des ONG et associatif :

  • Ne pas croire que les relations humaines sont meilleures ici qu’ailleurs. Certes, on travaille pour une cause mais les gens sont partout les mêmes ! Ce n’est pas le « monde des bisounours » et il peut même y avoir des abus sur les salaires ou sur les demandes faites aux salariés qui seront justifiés par la cause ;
  • Etre vigilant sur son temps de travail et ses propres limites pour ne pas s’oublier au nom de la cause ;
  • Bien se renseigner sur la gouvernance et le circuit de financement (fonds publics ou non… dépendance de quelques partenaires financiers…) car cela peut atteindre la rentabilité de la structure et la paye des salaires en fin de mois ;
  • La faille du secteur non marchand est souvent que tout dépend du dirigeant : de sa vision, de son honnêteté, de son management… il n’y a pas de gardes fous comme dans une entreprise classique (pas de RH, de délégué du personnel…). Il vaut donc mieux passer du temps à se renseigner, à échanger avec des collaborateurs, avec l’écosystème avant de s'engager.